Comment garder la motivation pour bosser sur ses side-projects ?

Le side-project, le petit projet à côté pour lequel on nourrit plus ou moins d'ambitions. Quelques éléments de réflexion pour rester motivé et arrêter de butiner en passant d'un projet à l'autre.

Petite réflexion en passant, inspirée par un message posté sur HackerNews : Comment puis-je arriver à m'investir dans un side-project et m'y tenir ?

(Traduction libre de ma part.)

Je suis développeur Web et ingénieur Devops. Je connais très bien quelques languages et frameworks, et je me débrouille avec pas mal d'autres technos. J'ai envie d'apprendre beaucoup plus.

Mon problème est que je n'arrive pas à m'investir dans un *side-project* suffisamment longtemps pour accomplir des progrès significatifs, sans parler de le terminer. Cela fait des années que je n'ai pas réussi à travailler sur un même projet plus de deux jours non-stop.

Je m'assois devant l'ordi en pensant « je sais, je vais écrire un roguelique en X ! ». Cinq minutes après, les roguelikes me sortent par les yeux et je préférerais écrire un jeu de stratégie isomorphique en Y.

[…]

Quelqu'un d'autre a le même problème ? Comment surmonter la perte de motivation et arriver à s'investir dans un seul projet ?

Le message a attiré mon attention et je me suis fait la réflexion que j'étais exactement pareil avant. Alors que ça me paraît évident aujourd'hui, je ne comprenais pas forcément pourquoi (pas la peine de rire, nous avons tous les angles morts différents).

Des projets bac à sable

Au tout début de ma carrière, et même avant lors de mes années lycée et université, j'avais toujours une palanquée de petits projets secondaires sous le coude auxquels j'étais incapable de m'intéresser plus de quelques jours ou semaines une fois passé l'enthousiasme des premières heures.

Ce n'était absolument pas un problème, parce que ces projets n'avaient pas vocation à être plus que ça : des bacs à sable pour apprendre et / ou m'amuser. Le projet en lui même ne m'intéressait pas tant que la nouvelle techno, le nouvel outil ou juste le plaisir de passer le temps à coder.

Les premiers de corvée

Toutefois, petit à petit, quelque chose dans mon cadre de référence s'est déplacé. Inconsciemment, je voulais avoir un projet sur lequel m'investir exclusivement. Mais c'était pour de mauvaises raisons.

Je voulais devenir plein aux as ou au moins, gagner ma vie sans travailler aux heures de bureau. Je voulais avoir ma startup, parce que c'était à la mode. Je voulais être dans le club des gens qui font des millions de vues sur HackerNews parce que… juste parce que.

Mais comme le projet sur lequel je travaillais étais toujours accessoire, je n'arrivais pas à rester motivé. Il y avait toujours une nouvelle idée plus intéressante, un nouveau jouet plus brillant.

J'étais un peu comme le type qui veut être une rockstar mais qui n'aime pas pratiquer son instrument : je fantasmais sur l'hypothétique résultat final sans apprécier l'investissement quotidien.

Après quelques années de frustration, j'ai finalement accepté l'idée que je ne serai pas le prochain Mark Zuckerberg et me suis consacré à des hobbies n'impliquant (presque) pas d'être derrière un ordi.

Deux ans de Mamie-note

Il y a deux ans, j'ai commencé à bosser sur un nouveau side-project pour la première fois depuis un paquet d'années. Mamie-note, un site lié à l'apprentissage de la théorie musicale (pour ceux qui n'ont pas suivi).

Je continue à travailler sur ce site depuis, et je suis toujours motivé. C'est le temps le plus long que j'ai jamais passé sur un projet personnel (retenez vos applaudissements, je vous en prie).

Comment ne pas se lasser de ses projets

Loin de moins l'idée de donner des conseils ou des leçons parce que la motivation est une chose curieuse et tout le monde fonctionne différemment. Simplement, une petite introspection m'amène à lister les éléments différents entre hier et aujourd'hui.

Je m'intéresse au projet lui-même

Mamie-note n'est pas un projet « accessoire », un moyen comme un autre de parvenir à mes fins (aussi nobles ou farfelues soient-elles).

C'est un site sur lequel je travaille parce que le sujet me passionne. Mon intérêt pour la musique et mon travail sur Mamie-note se renforcent mutuellement.

J'apprécie le processus quotidien

Je pense avoir passé quelques centaines d'heures sur ce projet, et il en faudra quelques milliers d'autres pour parvenir à un résultat « final » (si tant est qu'une telle chose existe).

Toutefois, ça ne me décourage pas parce que j'apprécie le processus quotidien.

Les objectifs que je me fixe sont un moyen de structurer mon travail mais ils ne constituent pas une fin. Je bosse sur Mamie-note parce que j'aime ça et pas parce que je fantasme sur un hypothétique résultat final.

Je me fous de la tech

Je me contrefiche de la techno employée pour créer Mamie-note. Je n'ai utilisé que des outils fiables, que je maîtrise déjà à peu près (Django, Postgres, Bootstrap, etc.).

Certes, ce n'est pas hype. Mais le problème du hype, c'est que ça disparaît très vite, c'est donc une mauvaise source de motivation.

À vrai dire, j'ai quand même dû utiliser des technologies qui m'étaient inconnues (shaders, musicxml, etc.), ce sera peut-être l'occasion d'autres billets.

Je ne fais pas ça pour devenir riche

J'ai conçu Mamie-note dés le départ comme un projet à but lucratif. J'aimerais que Mamie-note génère des revenus parce que 1/ il faut bien vivre ma brave dame, mais surtout 2/ ça me permettra tout simplement d'y consacrer plus de temps.

La rentabilité du projet est donc un heureux effet secondaire et pas un objectif principal.

J'ai une famille

C'est tout bête mais quand on doit intégrer à son emploi du temps les obligations familiales liées à la simple existence d'une petite fille de deux ans, ça laisse beaucoup moins de temps libre pour se concentrer sur des projets accessoires (surtout en ces temps de confinement ou les crèches sont fermées).

Il est plus facile de rester motivé quand on doit un peu jouer des coudes pour dégager quatre heures par semaine pour bosser sur un projet que quand on y consacre trois heures par jour.

J'ai d'autres centres d'intérêts

Travailler sur Mamie-note est un hobby, mais ce n'est pas mon seul centre d'intérêt. Quand j'en ai marre ou quand la motivation me fait défaut, j'évite de me prendre la tête et je passe à autre chose le temps que l'envie revienne.

Je ne suis pas tout seul

Même si c'est un projet personnel, j'ai reçu des commentaires, questions, retours, et coups de mains de la part de gens vraiment très bien que je remercie au passage.

Le fait que le projet soit utilisé et qu'il commence à vivre sa propre vie est étrangement satisfaisant.

Conclusion

J'ai habituellement des difficultés à me concentrer et rester motivé par un seul projet plus de quelques jours, et plutôt tendance à passer d'une chose à l'autre assez vite.

Je suis finalement le premier surpris d'avoir réussi à conserver toute ma motivation suffisamment longtemps pour avoir amené quelque chose de « fini » en production.

Fin de la minute introspective, vous pouvez retourner sereinement à votre confinement. Bon courage.