Retour sur la conférence E1 à Toulon

Ce 26 juin 2015 j'ai eu le plaisir de participer à l'édition 2015 de la conférence E1 à Toulon organisée par l'association 43.117 avec Laurent Paoletti en magnifique M. Loyal.

Comme d'habitude lors ce genre d'événements, c'est l'occasion de retrouver des ami·e·s, faire de nouvelles rencontres et d'apprendre plein de choses. Voici un petit compte rendu partial et subjectif.

Le programme

David et Stéphane discutent du travail et de son évolution. Le travail en général, et le notre en particulier. L'occasion de s'interroger sur notre rapport à l'activité professionnelle, sur la perméabilité des frontières entre sphères professionnelles et personnelles, et sur la remise en question de la valeur travail dans notre organisation sociale et économique. L'occasion aussi de découvrir le « tapotage nomade », ou travail itinérant. Une saine réflexion par les temps qui courent.

Virginie Galindo revient sur l'importance des standards dans le développement du Web, nous invite à les suivre au plus près pour nourrir notre veille techno, et pourquoi pas, contribuer en retour ?

Jean-Pierre Vincent nous offre un retour d'expérience sur l'échec d'une start-up en dépit d'atouts qu'on aurait pu croire idéaux : un produit intéressant, des investisseurs à succès, une équipe expérimentée, et un budget démesuré. L'occasion de revenir sur quelques préjugés quand aux critères de réussite ou d'échecs de jeunes entreprises, et d'insister sur la nécessité d'impliquer très tôt le principal acteur du projet : l'utilisateur.

Teresa Colombi nous explique l'importance de la prise en compte de l'expérience utilisateur (UX) dans la conception de sites Web, et insiste sur la différence entre design et UX. De nombreuses informations utiles, mais j'ai du mal à adhérer avec les pratiques qui consistent à mentir et manipuler l'utilisateur, même si on nous explique que « la frontière est floue » et que c'est à chacun d'utiliser ces techniques à bon escient. Aucun tour de passe-passe sémantique ne peut changer les faits : mentir c'est mentir, et tricher c'est tricher. La fin justifie-t-elle les moyens ? Je suis également un peu déçu de constater que ce genre de discours ne semble pas choquant pour une grande partie de l'assistance.

Nicolas Steinmetz a un profil atypique : alors que la tendance est à la sur-spécialisation, il a choisi d'embrasser le rôle du généraliste touche-à-tout. Il nous explique l'intérêt du « mouton à six pattes » dans les organisations, mais raconte également les difficultés et défis qu'il rencontre au quotidien.

Hélène Quaniaux nous offre son retour d'expérience sur les difficultés de monter une start-up dans le Web lorsque le numérique n'est pas son cœur de métier. Elle relate les difficultés pour trouver un prestataire de confiance, et explique l'importance de rencontrer les bonnes personnes.

En tant que développeur freelance, il est toujours utile de se voir rappeler les difficultés que rencontrent nos clients potentiels dans le choix d'un partenaire pour leur projet.

Florian Le Goff raconte l'aventure de son entreprise et s'interroge sur la collaboration entre entrepreneurs et structures d'accompagnements. Une conférence que je ne peux résumer parce que je n'ai pas pu y assister.

Julien Maupetit revient sur les problèmes de fonctionnement que rencontre la recherche aujourd'hui : difficultés de publications et mainmise des revues sur les résultats de travaux de recherche, non publication de données, obsession de publication, etc. Il explique quelles alternatives propose Open Science, un mouvement qui a pour ambition (entre autres) de devenir à la recherche ce que l'Open Source est au logiciel. Un mouvement sain, mais qui peine à prendre son envol.

Enfin, Daniel Ratier et Emmanuel Raviart parlent des différentes missions de l'initiative Etalab en vue de la modernisation de l'action publique. Ils reviennent sur les réussites d'Etalab, les projets en cours, mais expliquent également les difficultés rencontrées pour manœuvrer agilement dans une administration encore quelque peu monolithique et mammouthesque.

Des projets qui marchent grâce à l'agilité

Votre serviteur a eu le plaisir et l'honneur de participer en tant qu'orateur lors d'une présentation intitulée « Des projets qui marchent avec l'agilité ».

Mon but était de revenir sur ce qu'est vraiment l'agilité tout en m'interrogeant sur les racines des valeurs du manifeste agile.

Rétrospectivement, je pense que mon propos était mal adapté au contexte (public non agiliste + seulement 20 minutes de conf). J'ai voulu me faire plaisir en évitant une présentation « bateau » de l'agilité qui m'aurait ennuyée, mais j'ai quand même dû repasser très vite sur quelques bases pour que tout le monde puisse suivre.

Au final, je ne suis pas certain que les agilistes chevronnés aient appris grand chose, et les novices ont sans doute été largué·e·s rapidement. Pour me faire pardonner, je publierai d'ici peu la version texte qui sera plus détaillée.

Quelques graines

Je tiens à féliciter l'équipe pour cette organisation sans faille. J'ai passé une excellente journée, plaisante et enrichissante. Il est toujours bon de rappeler à quel point ce genre d'événement, organisé bénévolement, représente un investissement lourd en temps et en énergie, et ma reconnaissance est à la mesure de leurs efforts.

Ceux qui regrettent de n'avoir pu assister à l'événement pourront au moins consulter les chouettes photos réalisées par Yves Colas.

Je me retiens de dire merde à la SNCF qui a joué le rôle de difficultateur en essayant par tous les moyens de m'empêcher d'arriver à Toulon. J'aborde maintenant le transport en train avec une nouvelle approche : je prends la journée, j'embrasse la mentalité du travailleur nomade, revois à la baisse mon besoin de confort et pars sans préjugé sur mon heure d'arrivée. J'essaye de ne pas laisser les événements entamer ma sérénité. Je trouve néanmoins un peu triste de devoir en arriver là.

Alors que je participe souvent à des conférences avec une forte orientation technique (Paris Web, Sud Web, MixIT, DjangoCong, etc.), l'E1 proposait une orientation qui a attiré des profils d'horizons variés : ingénierie mais aussi communication, commerce, start-ups, enseignement, recherche, etc. Un mélange des genre enrichissant, parfois aussi un peu frustrant, notamment quand je constate de la part de certaines personnes (une minorité) un attachement à des pratiques et valeurs franchement désuètes et ringardes.

Contrastant très fortement avec ceux qui viennent avec humilité offrir un retour d'expérience franc et honnête dans un but de participation et d'échange, certains occupent clairement la scène sans aucun autre but que de m'entuber pour me vendre leurs produits ou solutions. Un manque d'honnêteté intellectuelle qui en devient risible tant il est grotesque. Ces gens se rendent-ils compte qu'ils obtiennent l'effet inverse et que je préfèrerais me faire tatouer le visage de Nadine Morano sur les fesses plutôt que de travailler avec eux ?

Je m'interroge sur la vision du monde qu'il faut développer pour ne pas réaliser à quel point ces pratiques sont inadéquates. Je reste également perplexe en constatant qu'une partie de l'assistance ne semble pas trouver ce discours complètement ridicule.

D'autres approches sont pourtant possibles, qui consistent à ne pas prendre les gens pour des ânes et des vaches à lait. Prenons exemple sur les chouettes gens d'AlwaysData qui sponsorisent de nombreux événements sans jamais occuper le micro de manière déplacée, ou la fine équipe de CrèmeCRM qui parvient à vendre ses prestations sans se départir de son authenticité.

J'ai grandement apprécié la disponibilité des membre de l'équipe d'organisation ainsi que les autres oratrices et orateurs, toujours prêts à échanger quelques mots autour d'un café.

Que dire de plus, si ce n'est que j'ai passé une excellente journée, et que je vous encourage à participer à ce genre d'événements si vous n'êtes pas coutumier du fait.